La preuve : ceux qui vivaient dans la forêt d’Alsace du Nord, entre Brumath et Wissembourg, savaient il y a déjà longtemps qu’il était drôlement malin de se rouler dans une certaine gadoue huileuse, qui apparaissait ici et là sur le sol des champs ou des bois. Ce bain de boue leur permettait de se débarrasser de la vermine colonisant leurs soies, causant des démangeaisons qui leur gâchaient la vie ! Les apothicaires, pas plus idiots que les cochons sauvages, s’en servirent eux aussi, dès le XVe siècle, mais, cette fois, pour soigner les plaies et les maux de dents de leurs clients. On n’est pas trop sûr de l’efficacité du procédé, mais tant que personne ne décidait d’allumer un joli petit feu de camp ou de joie trop près des uns ou des autres, tout allait pour le mieux.
Car cette lotion était terriblement inflammable !
Rien d’étonnant à cela : elle contenait du pétrole. Oui, parfaitement, du pétrole. Du coup, vers 1740, c’est bel et bien à Pechelbronn qu’on a commencé à exploiter celui-ci. Premiers forages, première raffinerie, premières distillations, et hop, à qui les produits pharmaceutiques, l’huile pour les lampes, la graisse et la poix ?
Selon certaines sources – mais pas toutes, il faut l’avouer – à cette époque, les produits étaient entreposés dans des fûts en bois d’environ 159 litres… raison pour laquelle le baril de pétrole trouve son origine chez nous : l’unité de mesure alsacienne, devenue internationale, est toujours en vigueur !
Dire que les Alsaciens auraient pu finir rois du pétrole ! De quoi laisser couler une larme d’émotion, la prochaine fois qu’on entendra le cours du baril à la radio.
Sylvie de Mathuisieulx