C’est une maison bleue où l’on vient à pied en suivant le chant des perroquets. Enfin question de point de vue, mais dans le métier, on parle plutôt de craquement et criaillement ! Si ces oiseaux colorés ne sont pas considérés comme des animaux domestiques – car ce sont des espèces issues de la faune sauvage – Pascale a su les faire l’aimer. Ça se frotte et ça gonfle les plumes à son arrivée dans la volière. Ses petits pensionnaires l’aiment un peu, beaucoup, passionnément, tant que parfois, ça pince !
Tous ont une histoire, plus ou moins rocambolesque. Ils sont recueillis, malades, ébouriffés, déplumés : « Je suis allée chercher le dernier chez un monsieur hospitalisé d’urgence qui souffrait du complexe de Diogène, ils vivaient dans de terribles conditions », explique Pascale.
L’amour des animaux
La majeure partie des volatiles qu’elle récupère appartiennent à des personnes parties en maison de retraite – les perroquets ayant une espérance de vie de 80 ans en moyenne -, sous tutelle, qui ont des problèmes de santé ou qui ne veulent plus s’en soucier :
« S’occuper d’un perroquet ne s’improvise pas, à maturité sexuelle, leurs hormones peuvent les rendre belliqueux. Ils ne tolèrent pas la solitude et ne choisissent qu’un maître, alors si quelqu’un s’approche de l’humain chouchou, l’oiseau attaque. Il crie beaucoup aussi, certains individus le supportent mal et couvrent la cage, l’animal se sent par conséquent rejeté et hurle encore plus. Je reçois beaucoup d’appels de gens qui se retrouvent dépassés et qui ne se doutaient pas que ce serait si compliqué ».
Face à ces arrivées continues, Pascale subvient aux besoins des perroquets grâce aux dons, aux adhésions et à ses fonds personnels. Elle a actuellement soixante protégés qui, une fois guéris, attendent une famille pour la vie. En parallèle du refuge, Pascale s’investit dans plusieurs combats : « Je suis en procédure contre une animalerie qui a vendu des animaux malades. Je tente aussi de lutter contre le braconnage, de faire interdire la taille des plumes de vol et de faire évoluer le droit français concernant l’identification des perroquets », conclut Pascale qui se console de toutes ces difficultés en câlinant une perruche qui reprend des plumes de la bête chez elle depuis plusieurs mois.
Le chiffre : 104
C’était l’âge de Macaw, le perroquet de Winston Churchill, qui lui a survécu !
Lucie d’Agosto Dalibot