Czesław est né de parents immigrés polonais, en 1932. Il est accueilli à l’hospice des orphelins du Neudorf et apprend le métier de boulanger. Quand la guerre éclate, il s’engage dans la résistance – aux côtés de Marcel Weinum qui dirige La Main Noire – pour défendre son pays d’origine, annexé par l’Allemagne, mais aussi son Alsace d’adoption.
En 1941, l’adolescent est pris par les nazis et condamné pour « résistance à l’autorité ». Il est fusillé le 12 décembre à 16h. « C’est là que l’histoire se complique », lance Christophe Woehrle, car les différents sites et médias qui abordent cette funeste fin indiquent que Czesław serait décédé à Schirmeck alors que d’après les documents d’archives, l’adolescent aurait été déporté à Dachau et serait mort là-bas : « C’est courant d’avoir ce type de flou, d’autant plus avec un nom mal orthographié », explique l’expert. Le témoignage d’un survivant de La Main Noire, relayé dans un journal local, participe à la théorie corroborée par l’acte de décès officiel. Il y raconte avoir vu la fin de Czesław qui tentait de s’enfuir d’une baraque du camp de Schirmeck : « Pourchassé par une meute avec des gourdins, la loque humaine piétinée se relève et crie vive la France. Trente minutes après, les haut-parleurs annonçaient que Czesław avait été abattu pour sa tentative de fuite ».
Difficile de savoir quels exploits ce très jeune résistant a eu le temps d’accomplir avant d’être arrêté, certains documents affirment qu’il aurait participé à l’attentat contre Gauleiter Wagner. Ce qui est certain, c’est que ses actions n’ont pas enchanté les nazis qui, dans le journal de propagande datant du 16 décembre 1941, ont annoncé son décès en ajoutant : « Qui sabote doit être abattu, les ennemis de l’État seront impitoyablement détruits. Puisse la fin de ce criminel servir d’avertissement sévère à tous les ennemis de la nation ».Czesław Sieradzki a été reconnu mort pour la France en 2002, à la suite d’une demande faite par sa sœur.
Lucie d’Agosto Dalibot