vendredi 22 novembre 2024
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Alsace – Hommage à René Nicolas Ehni, la plume et l’esprit

L’écrivain mondain des années 60 exilé en Crète n’a jamais totalement coupé avec Eschentzwiller et son Sundgau natal, puisque, selon sa volonté, c’est là qu’il est mort le 18 juin 2022, à 87 ans. Un an après, Maxi Flash rend hommage à René Nicolas Ehni, à sa verve et ses convictions.

ll se dit fugueur depuis l’enfance, « c’est l’orgueil d’être tsigane, de voyager et de rencontrer des gens (1) », faisant allusion aux origines de son grand-père. Né en 1935, René Ehni grandit à Eschentzwiller, près de Mulhouse, avant de monter à Paris à 20 ans pour percer en tant qu’écrivain… Ou acteur—il fait l’école de théâtre de la Rue Blanche, tel un « Francis Huster, mais en plus beau (2) »—ce qui lui rapporte ses premiers cachets avant d’être appelé en Algérie. La guerre le marque, mais après quelques détours en Italie, il livre La gloire du vaurien, en 1964. Hissé au rang d’écrivain prometteur, un rien provocateur, il fait la une de France soir ou Elle.

S’en suivent des pièces de théâtre à succès, Que ferez-vous en novembre (1968), L’ami Rose (1970) et Super positions (1970). Alors qu’il tutoie les sommets, et aussi Cocteau ou Béjart, d’autres luttes le rappellent en Alsace, pour les langues régionales ou contre le nucléaire. Lorsqu’il vend sa maison familiale, en 1986, il dira de sa voix rauque entretenue par les Gitanes, « moi je resterai toujours ici, mais j’adore partir, je ressemble à la cigogne… Le temps que Dieu nous donne pour vivre, on va et vient (3) ».

Une famille et un village en Crète

Fervent pratiquant, il devient orthodoxe, tout comme son ami Louis Schittly, qui gérera ses archives et l’hébergera à ses retours de Crète. À Plaka, au nord-est de l’île, rebaptisé Nicolas, il se marie avec Myriam-Marie, et élève ses enfants Iannis et Catherine. Une famille et un village qui font sa joie. « Ici, les gens disent des choses très profondes, ils cultivent la tradition du tragique, des philosophes, par la langue qui raconte encore des choses. En France, la langue est disqualifiée, par ce qu’on entend à la télé (1) », lâche-t-il comme une sentence contre la société de consommation.
Il se rend à la liturgie tous les matins, « quand je sors de l’église, l’écriture vient mieux, elle est pleine de cet esprit, elle a du rythme, du ton, de la voix, du souffle. Les gens peuvent dire qu’est-ce qu’il raconte, c’est accessoire ! (1) » Côme, confession générale (1981), Vert de gris (1994) ou Apnée, autobiographie (2008) font partie des 10% seulement des écrits qu’il estime avoir publiés…

Solann Battin

(1) dans Ehni, de Jean-Luc Bouvret, 2005
(2) dans Zuckersiess, FR3, avec Simone Morgenthaler, 1995
(3) reportage d’Ambroise Perrin, 22/11/1986, FR3

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