Le bruit de la photocopieuse, encore et encore, fait frémir Julie dont le bureau est juste en face de l’insupportable machine qui crache inlassablement ses feuilles A4.
Dix-huit ans qu’elle travaille à l’Opéra du Rhin, elle s’y est formée et a gravi les échelons jusqu’à devenir cheffe de service, mais là, c’en est trop et pendant que la machine continue son inlassable besogne, Julie regarde sur internet si sa proximité avec cet appareil peut lui causer des problèmes de santé. « Tu te serais imaginée ici gamine ? Non. J’ai fait un burn-out, le grand classique, alors je suis revenue vivre dans ma ferme natale et pendant un repas en famille au restaurant, en tête à tête avec mon assiette d’escargots, j’ai eu un flash, après tout, j’aime bien les métiers bizarres et j’adore manger ça, en plus ça ne prend pas trop de place, et j’ai un terrain ! », raconte Julie pleine d’entrain.
Ça valait le coup d’en baver
À présent la foutue machine est loin derrière elle, la voilà de nouveau pleine de vie, une bêche en main, des perles de sueur sur le front, mais le sourire aux lèvres. « J’ai ma brigade anti limaces avec mes canards pour préparer le sol, ma brigade anti herbes hautes avec les chevaux, et les jours où il pleut et où je patauge dans la boue à préparer les parcs, je suis la plus heureuse du monde, pas mal le nouveau bureau ».
L’agricultrice en devenir est en fin de formation à Besançon, elle est encadrée par Romain, héliciculteur de la Ferme des petites bêtes à Dachstein : « Il a accepté que je vienne découvrir le métier avec lui et maintenant nous sommes associés ».
En parallèle de son travail dans les champs, Julie tient un gîte dans la ferme familiale et compte bien allier ses deux professions : « Tous les jeudis à partir du 15 juillet, je vais aussi organiser des visites des parcs avec une chasse aux escargots et une dégustation de tarte flambée au beurre persillé ! J’espère également lancer un foodtruck, mais avant, il va falloir élever mes petites bêtes ». Affaire à suivre donc !
Lucie d’Agosto Dalibot