Qu’est-ce qui vous a donné envie de changer de voie et d’ouvrir votre cabinet ?
Francine Jost : Je pense que c’est l’âge, il faut une certaine maturité pour accompagner autrui. À l’époque, quand j’étais responsable d’agence, j’étais persuadée que la bienveillance était possible, mais ça m’a pompé une énergie incroyable, car je n’étais pas portée par la hiérarchie qui privilégiait la rentabilité. Je savais qu’une autre voie m’attendait, j’ai fait un burn-out qui a presque été salvateur puisqu’il m’a permis de me réorienter et de me ressourcer. J’ai pris conscience qu’il était possible d’être bienveillant dans la vie, mais ailleurs. J’ai découvert l’hypnose et je me sers aussi de l’art-thérapie avec ceux qui ont des difficultés à parler.
Vous avez décidé de vous spécialiser dans l’accompagnement des enfants et adolescents…
J’ai mal au ventre pour cette jeunesse dont on ne s’occupe pas convenablement, les séquelles risquent d’être dramatiques en grandissant, des gens perdus dans les rues. L’approche avec les petits est très différente de celle des adultes, on ne peut pas exiger d’eux qu’ils ne bougent pas, la séance doit s’adapter à eux, ils sont en autohypnose 80% du temps comme ils sont dans leur bulle alors ils sont très réceptifs, mais peuvent aussi sortir de cet état rapidement, d’où l’art-thérapie et le jeu pour fixer leur attention. Avec les ados, c’est encore plus complexe parce qu’il faut repérer la problématique et ajuster la démarche version enfant ou adulte, et puis dans certains cas, ça ne marche pas, il peut se bloquer dans la mesure où le rendez-vous lui est imposé, ce n’est pas la peine de forcer, il faut faire preuve d’humilité, savoir rassurer et conseiller les parents, quitte à dire parfois que « je ne peux pas vous aider ».
Un trauma de l’enfance peut-il être traité chez l’adulte ?
Oui, il faut faire ressortir son enfant intérieur, on l’a tous oublié, mais on peut le trouver. Débute alors un travail que l’on appelle une régression en âge pour déterrer le trauma initial que le bambin a vécu. Il est parfois fondé, mais il arrive que le souvenir soit déformé et amplifié en grandissant. À partir de là, je ne suis plus qu’un guide dans le cheminement pour aider à faire resurgir cette petite étincelle.
Cabinet au Pôle Santé du Kirmser’hof de Bischoffsheim. Contact : 06 38 64 59 10
Lucie d’Agosto Dalibot