Avant de tomber dans la dentelle et le tulle, la commerçante travaillait à la Société Générale. « Je suis un peu caméléon, je m’adapte vite à tout, mais je ne supporte pas la hiérarchie alors la banque forcément… ça ne me convenait plus, j’avais envie d’être indépendante ! ». Pas plus fan des dessous que d’un autre vêtement, elle apprend en 2004 que le fonds de commerce du magasin où elle s’est depuis installée est à vendre. « Je n’y connaissais rien, ma décision a été impulsive bien que réfléchie, j’ai tout quitté l’année de mes quarante ans et débuté ici », raconte-t-elle.
Depuis, aucun regret, elle considère avoir atterri dans « le plus beau domaine du
tissu ». En plus, elle a été inscrite par ses fournisseurs, sans le savoir, au Top 100 des boutiques de lingeries indépendantes de France pour lequel elle a été sélectionnée, une reconversion professionnelle couronnée de succès donc !
Toutes les raisons sont bonnes pour un nouvel ensemble
« C’est un univers où il y a beaucoup de psychologie et de diversité. Je rencontre des femmes malades, des femmes malaimées, des femmes aimées, des femmes qui changent de mec, des femmes qui ont un rendez-vous, elles ont toutes besoin de conseils. ». L’art du bon soutien-gorge est technique, entre le tour de dos, le bonnet et le format le plus adapté à chaque type de poitrine, Michelle a étendu sa gamme du bonnet A au K pour satisfaire toute sa clientèle. En un coup d’œil, sans avoir à se déshabiller, la professionnelle a calculé toutes les mensurations de celles qui passent la porte de son échoppe.
Mais ces dernières années, elle a aussi constaté une drôle d’évolution de son métier : « Aujourd’hui les nouvelles qui arrivent sur le marché doivent être ultra-performantes sur les réseaux sociaux, c’est une nécessité. Qui plus est, avec le développement des fausses bonnes marques de lingerie, j’ai quelques femmes qui prennent ma boutique pour la cabine d’essayage d’internet afin de déterminer leur taille pour commander en ligne, c’est moche ».
Malgré ces quelques contrariétés, la commerçante reste convaincue que les petites boutiques comme la sienne ont toujours de l’avenir, alors elle garde la pêche et d’ailleurs, pour la petite histoire, pendant le covid, elle a adhéré au mouvement « Action culottée » qui rassemble les vendeuses de lingerie indépendantes, et a envoyé, avec beaucoup d’autres, sa culotte à Jean Castex, « pour lui rappeler qu’avoir un slip, c’est essentiel, comme nos magasins ! ».
Lucie d’Agosto Dalibot