Tout commence avec une pomme qui chute d’un arbre. Sous celui-ci, il n’y a pas Isaac Newton pour s’écrier Eureka et papoter gravité, ni même Steve Jobs et son fruit croqué, mais l’un des premiers Rothgerber du nom, en 1542, qui décide de développer des vergers.
Comme la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre, les générations suivantes ont pris la relève et, presque cinq cents ans plus tard, la famille a transformé le petit jardin de papi en impressionnante industrie. La plantation s’étend sur une vingtaine d’hectares dont la majorité est réservée aux pommiers, mais il y a aussi des poiriers, abricotiers… de quoi proposer toute une variété de produits frais et de jus.
Chaque pousse requiert un entretien particulier : « Nous faisons de l’éclaircissage manuel afin d’assurer à chaque fruit assez d’espace et de lumière pour arriver à maturité. On privilégie la qualité à la quantité », explique Jean-Baptiste, chef de culture. Même quand les arbres sont nus, les employés parcourent les allées pour préparer les plants à fleurir afin que, des mois plus tard, une quinzaine de variétés de fruits soient prêtes à être récoltées puis conservées dans de gigantesques frigos sans oxygène. « Si on ouvre la porte, on tombe direct, la pièce est pleine d’azote ce qui permet au produit de continuer à mûrir, mais au ralenti», précise Jean-Baptiste face aux salles scellées qui renferment le précieux mets.
Ouverture d’une boulangerie et d’un restaurant
En parallèle de cette activité florissante, une vente sur place de produits locaux a été mise en place, on peut y retrouver des fruits et légumes de saison, du vin de l’exploitation mis en bouteille juste à côté à la Cave Dagobert, des fromages de la Maison Lohro, des viandes des fermes alentours, des pâtes Grand’mère… Mais aussi du pain, tout juste sorti du four d’un passionné, Thibault, qui utilise de la farine alsacienne (évidemment !) et propose une vingtaine de pains spéciaux.
Seul aux commandes et présent depuis le lancement, il continue à expérimenter de nouvelles recettes pour le plus grand plaisir des papilles. « Mais attention, pour bien conserver le pain, il faut l’emballer dans un torchon et le glisser dans une boîte en hêtre comme le faisaient nos anciens », glisse-t-il. Autre nouveauté, des plats du jour « que nous servons en salle, pour un tête-à-tête avec les plantations, face à l’immense baie vitrée », indique Marie qui amène justement de quoi grignoter aux clients attablés. Plus qu’à aller casser la croûte !
Le chiffre : 2.5
C’est le nombre en millions de pommes produites chaque année par la ferme Rothgerber.
Lucie d’Agosto Dalibot