Je me suis posé cette question l’autre jour en regardant l’autre déglingo de Murray. 10h de jeu en deux matchs. Et au 3e tour de l’Open d’Australie, il était encore à cavaler partout, à grimacer, à se tenir les genoux, les hanches, à chercher son souffle, pour finalement s’incliner devant les visages émus des spectateurs. La question : pourquoi ?
Opéré de la hanche, l’Écossais a réussi à revenir à un très haut niveau avec une prothèse dans le corps. Qu’est-ce qui pousse un mec de 35 ans, qui a gagné trois titres du Grand Chelem, deux médailles d’or olympiques, un Masters et 65 millions de dollars en carrière, à venir souffrir comme ça à l’autre bout du monde ? Sans compter tout le travail acharné AVANT pour réussir à souffrir comme ça.
Passion et souffrance, même racine
Eh bien sans doute la même chose qui pousse un gars comme vous ou moi à se faire opérer du ménisque (au hasard) pour pouvoir continuer à faire du sport : la passion. Et il est intéressant ce mot-là : passion. Saviez-vous que « passion » en latin, c’est la « souffrance » ? Quand on y pense, c’est extraordinaire.
Comme il n’y a rien qui ne fait plus souffrir qu’une histoire d’amour – qui finit mal en général – notre passion nous prend tellement aux tripes qu’elle en devient incontrôlable. Il faut que je joue ! Mais t’es tout cassé Andy ! M’en fiche ! Je dois revenir ! Entre deux parts de pudding, la décision était prise.
Saviez-vous aussi que le pendant grec de « passio » (en latin) était
« pathos » ? Et le pathos, c’est une formule pour désigner quelque chose qui va toucher profondément l’âme. Finalement tout s’imbrique parfaitement. Notre passion pour un sport, un(e) athlète, un club, n’est qu’une longue souffrance parce qu’elle nous remue les intestins en permanence. Et la pratique, la réussite, sont comme des shoots d’adrénaline que l’on poursuit. Comme le chercheur d’or qui se flingue les poumons au fond de la mine pour une petite pépite. Pour quelques petits bonheurs, on accepte de subir les douleurs, les désillusions. La prochaine question qui me vient : est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Mais là, c’est à vous de répondre.