Qui sont ces étranges personnages qui figurent sur les carnets, les toiles et les sculptures de la collection de Michel Bedez ? Certains inspirent la crainte, d’autres l’admiration, mais surtout beaucoup de questions… Il s’agit en réalité de créatures tout droit sorties de son imagination. Enfant, l’artiste a passé ses jeunes années dans le Val d’Argent, au cœur du massif vosgien. Des paysages mystérieux qui ont insufflé chez lui une fascination pour les statues polychromes des églises et les légendes des forêts. Alors à cet âge, il commence en dessinant des histoires de-ci de-là sur des bouts de papier, incarnées par des personnages qui lui sont inspirés du décor qui l’entoure. Puis un jour, il décide de leur donner corps et de leur faire quitter leur grotte pour que le monde urbain puisse les découvrir.
Des divinités imaginaires
Ses créations sont un mélange de saints et de païens, elles représentent de petits totems, des formes humanoïdes qui pourront peut-être soigner les maux et les bobos de ceux qui croient en elles. C’est un panthéon fait maison, une mythologie de comptoir qui se veut poétique et qui reprend des souvenirs d’enfance.
En parallèle du papier et de la toile, l’artiste a décidé d’investir le bois avec le sculpteur Loïc Bosshardt, issu d’une famille de tailleurs de Thannenkirch. Ses personnages de peinture et de coups de crayon peuvent désormais apparaître en 3D sur des statues ciselées dans du bois de tilleul provenant de la forêt proche de chez lui. Les figurines sont présentées sur un monticule de charbon spécifiquement sélectionné par Michel parce qu’il rappelle l’histoire de ses origines. Même si cet or noir n’a jamais été extrait du Val d’argent, il est symbolique et rend hommage aux bassins miniers. Des vitraux et de la peinture dorée accompagnent de toute part l’exposition pour donner une dimension sacrée à cette chapelle païenne.
L’info en plus
Pour retrouver l’intégralité des travaux de Michel Bedez, un livre est paru à la Collection dessins Chicmedia éditions. L’ouvrage est tout naturellement intitulé : Les idoles.
Lucie d’Agosto Dalibot