Ma voisine, ma voisine, ma voisine ! Elle est tout pour moi, je la regarde avec des yeux de merlan frit, elle est ma Cop 27, ma Coupe du Monde, mon application, mon prix Femina, mon chauffage central, ma Caroline Garcia qui pique mon cœur, tout ça quoi ! Je l’espère à l’apéro, je l’envisage sur un air de jazz, j’y pense comme Rodin à Camille Claudel, j’en rêve comme d’un nouvel Eden. Dans le quartier, c’est une star, un peu la Catwoman de mon immeuble, le genre à entrer par le toit. Mais l’autre jour en sortant les poubelles, sans savoir pourquoi, d’un seul coup, j’en ai eu marre. Ma voisine, ma voisine, ma voisine ! Il n’y a pas qu’elle sur Terre après tout. Déjà que je ne peux plus faire un pas en Alsace sans entendre parler d’elle, ma voisine par ci, ma voisine par-là, un vrai Marsupilami, elle est partout. Si je me transforme en enquêteur, elle est capable de prendre la place de Milou. Le pire c’est que, quand elle a une idée fixe dans la tête, elle ne l’a pas ailleurs. Moi, je ne suis plus très agile de la gâchette, je ne suis plus le journaliste qui écrit plus vite que son ombre, mes rêves de devenir Grand Schtroumpf se sont envolés Là-haut comme des ballons de baudruche. J’étais aussi déprimé que Batman, ou qu’un chanteur éliminé de la Star’ac, mais quelques heures plus tard, ma voisine a sonné chez moi avec Robert et Raymonde, le Petit Prince et Popeye et tout s’est arrangé. On a mangé un sanglier, bu du jus d’épinard et un bubble tea, et j’ai dit que je ne lui en voulais pas qu’elle soit si cruelle et égoïste, d’être calife à la place du calife, Maxife à la place de Maxi Flash. On a tellement ri !