Pour Philippe Sutter, le pre-mier rapprochement avec la céramique date de l’enfance, lorsqu’il était au centre de loisirs : « J’en ai gardé un très bon souvenir », affirme-t-il. « À la sortie de mes études, je m’en suis souvenu et j’ai voulu travailler dans ce milieu ». Ainsi, le jeune homme qu’il était est devenu commercial pour l’entreprise Céradel, où il est resté une bonne dizaine d’années : « Je fournissais les matières premières utiles aux potiers et aux verriers de la région, ce qui m’a permis d’être proche de nombreux professionnels dans tout le Grand Est. Pour moi, qui pratiquais déjà dans mon coin à la maison, c’était très intéressant au point de vue du perfectionnement ».
À force de voir les autres faire, Philippe a eu envie de se lancer à son tour : « Je me suis formé pendant deux ans au tournage auprès d’un professionnel de Boersch, Louis Buecher ». L’artiste s’est installé dans un premier atelier à Strasbourg en 2007, avant de déménager à Barr en 2018 : « Je suis en train de clôturer le premier volet de ma carrière, celui d’artisan d’art, réalisant des bols ou des pots. Ce qui m’intéresse et ce qui occupera une grande partie de mon temps ces prochaines années, ce sont les vases Médicis, des pièces tout à fait exceptionnelles », explique Philippe Sutter.
Ces vases existent depuis la Grèce Antique, ils ont été reproduits au XVIIIe siècle en France : « Composés d’un pied, d’une base et d’un cœur, je fais varier ces trois parties pour leur donner l’aspect que je souhaite, pour transmettre différentes émotions. De plus, je fabrique mes émaux moi-même et j’ai la particularité de travailler la technique de la cristallisation ».
Un costume taillé pour lui
En parallèle de ses créations, l’artiste est tombé en passion pour cette période baroque. Un jour, en rencontrant par hasard Rita Tataï, une artiste strasbourgeoise, Philippe a voulu pousser son personnage jusqu’au bout : « Elle m’a réalisé un costume respectant la mode de 1750. J’étais bluffé. Elle a un talent fou ». Ainsi, le céramiste a pu le porter à l’occasion du carnaval vénitien de Rosheim, au milieu d’autres costumes tous plus réalistes les uns que les autres.