vendredi 22 novembre 2024
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Molsheim – Un passé de supplices

Dans ses archives, la Ville de Molsheim conserve un livre épais daté du XVIIe siècle : le « Blutbuch ». Cet ouvrage, qui est littéralement appelé livre du sang, compile tous les procès de sorcellerie recensés entre 1619 et 1630 dans Molsheim et ses environs. Il révèle un passé où la torture et les accusations loufoques étaient la norme.

Louis Schlaefli, un historien, mais aussi l’ancien président de la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim et environs (SHAME), s’est penché sur le sujet avec passion. En 2021, à près de 80 ans, à l’aide du Blutbuch édité par le Tribunal des Maléfices (Malefitzgericht) de l’ancien bailliage de Molsheim, des archives de Strasbourg, de Molsheim et du département, Louis a pu fabriquer un ouvrage consacré à la sorcellerie dans le secteur. Après avoir cité ses sources, l’auteur donne toutes les clés de compréhension en commençant avec un glossaire, des généralités relatives à la procédure comme par exemple comment reconnaître une sorcière, mais aussi la procédure des affaires, les questions posées lors des interrogatoires, les instructions relatives à l’incarcération, la torture, l’exécution et la confiscation des biens. Il termine avec une étude des cas par localités, d’Altorf à Wolxheim, en passant par des dizaines d’autres communes.

Une physionomie du procès

Grégory Oswald, conservateur du musée de la Chartreuse et archiviste pour la Ville de Molsheim, est tombé pour la première fois sur le Blutbuch il y a une trentaine d’années et s’y est même pris de passion : « Les procès datent de la période entre 1587 et 1695, à une époque où la société était très misogyne et où le moindre soupçon pouvait donner lieu à une surveillance renforcée », explique Grégory.

Le bûcher, fac-similé d’un bois gravé de 1533, illustrant l’exécution d’une sorcière à Schiltach, en Forêt-Noire. / ©Dr

« Il suffisait d’apporter une preuve – souvent bancale et infondée – pour faire incarcérer une personne. Il fallait trois rien pour être accusé de sorcellerie », poursuit-il. Dans le Blutbuch, il est indiqué que les prisonniers étaient gardés derrière les barreaux dans l’Indischerturm, alors située rue des Remparts à Molsheim, mais qui n’existe plus aujourd’hui. Durant l’interrogatoire, même s’ils n’avaient rien à se reprocher, beaucoup avouaient sous la contrainte : « Avant d’être étranglées ou décapitées, puis brûlées, les présumées sorcières étaient torturées. Il arrivait que les accusés se fassent écraser les doigts, qu’ils soient placés sur une chaise d’insomnie, suspendus par les bras ou les pieds, pincés par des tenailles rougies au feu, qu’ils se fassent couper les mains ou qu’ils doivent subir le supplice de la roue ».

89 % des accusés étaient des femmes et les enfants étaient aussi très nombreux : « Pour justifier le bien, ce tribunal créait le mal », conclut Grégory.

L’info en plus

Le livre de Louis Schlaefli est disponible à l’achat au Musée de la Chartreuse de Molsheim.

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