Comment un auteur qui traite de la mort de sa mère peut-il à ce point mettre des étoiles dans les yeux de ses lecteurs ? Vaste question. J’ai donc décidé de me lancer dans ce voyage un peu particulier, qui a priori ne m’enthousiasmait pas, me renvoyant à mes angoisses profondes et à cette phrase qui ne m’a pas quittée durant toute ma lecture. Celle prononcée par la mère de l’auteur à la naissance de son premier enfant « il ne doit plus jamais rien m’arriver », mantra obsédant de toute mère. Alors que je m’attendais à sortir épuisée et tourmentée par cette lecture, le cancer venant plomber l’ambiance, j’ai été happée et embarquée par une véritable ode à la vie, un hommage vibrant à cette mère.
De la jeune fille sans doute en proie à certains traumas intimes, à l’épouse pudique et aimante doublée de la mère dévouée et insubmersible, il n’y a eu qu’un pas. Celui de décider avec une exigence de tous les instants et un amour infini, de bâtir un royaume, celui de sa famille, l’œuvre de sa vie. Ce n’est ni larmoyant, ni dégoulinant, mais teinté d’une rare élégance. Celle certainement qui se dégageait de cette femme dont le départ fait affluer les souvenirs. Et l’on refait le chemin avec l’auteur, mêlant les souvenirs de cette enfance heureuse, au sein de cette famille fantaisiste, de cette maison ouverte à tous, entre Combi Volkswagen et chansons de Kim Wilde, avec cet humour en héritage comme arme de combat contre les tempêtes de la vie.
Même si le chagrin n’est jamais loin, il y a tellement de poésie et d’amour dans ce texte qu’il est parfaitement impossible de ne pas y succomber et d’être touché en plein cœur.
Isabelle Arnould
