vendredi 22 novembre 2024
AccueilÀ la uneRosheim - Se chausser, comme à l’époque

Rosheim – Se chausser, comme à l’époque

C’est derrière un grand portail rue du coin que se cache l’atelier de Romain Speisser, l’un des derniers sabotiers de France, il n’en resterait que neuf sur tout le territoire.

Quand il s’agit de parler de son métier, Romain ne rechigne pas, c’est l’occasion pour lui de mettre en lumière sa passion en voie de disparition. C’est sabots aux pieds qu’il traverse sa cour chaque matin, passe l’enclos des poules, biquettes et lapins, pour arriver jusqu’à son QG qui sent bon la sciure. Entre les montagnes de copeaux trônent d’imposants appareils tout droit sortis du siècle dernier.

Romain dans son atelier de Rosheim en peine fabrication de sabot. LDA

Comment les actionner et créer une paire à l’ancienne ? Tuto d’expert : « Dans un premier temps je sélectionne mon bois avec les agents de l’ONF, il doit être humide pour ne pas fissurer lors de la découpe. Ensuite je le façonne à la scie à ruban pour avoir une ébauche qui passe dans la machine copieuse». Cet instrument est un peu l’ancêtre de la copieuse 3D, sauf que son concept date de 1908. « Il y a un gabarit dedans, un par taille, le rectangle de bois se place juste à côté et je vais faire tourner le modèle pour que le palpeur monte et descende. En fonction de ce qu’il rencontre, le petit godet retire l’excédent sur le modèle qu’on façonne ».

Ainsi, la bûche prend la forme d’un sabot

« Après on va creuser le soulier sur la machine suivante, c’est le même principe avec une cuillère qui racle à l’intérieur ». Romain mouline pour activer le mécanisme et il doit surveiller à la fois sa création et ses doigts ! « Enfin, il s’agit de peaufiner…», poussoir, rouanne, paroir : tous ces ustensiles aux noms étranges permettent d’assurer les finitions ! La paire doit ensuite sécher deux à trois semaines, puis elle peut être décorée avec des lanières de cuir et de la peinture.

Avant toutes les générations portaient des sabots, un temps qui pourrait sembler révolu et pourtant : « On y revient ! J’ai une clientèle entre 35 et 55 ans, des écocitoyens sensibilisés à l’environnement qui considèrent l’aspect 100% naturel, biodégradable, conçu en France, et puis ce n’est pas fait par un gamin de 8 ans dans une cave, mais par un vieux con bien de chez nous ! » lance l’artisan en souriant.

L’info en plus

8 mois : C’est la durée de vie des sabots utilisés TOUS les jours, « le macadam les use beaucoup ! ». Mais si c’est seulement pour aller au jardin, Romain les garantit à vie !

 

Lucie d’Agosto Dalibot

 

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -

LES PLUS POPULAIRES