L’autre jour ma voisine m’a laissé un mot sur ma boîte aux lettres : Marre de cette chienne de vie, je pars deux semaines au bout du monde, peux-tu arroser mes plantes et nourrir le chat ? Les clés sont sous le paillasson. Merci d’avance. Ta voisine préférée. Elle est gonflée, je me suis dit, mais je ne peux rien lui refuser alors j’y suis allé de ce pas, ou plutôt du pas du lendemain. C’est là que j’ai croisé la voisine du 4e avec son Tomi. Comme j’avais entendu à la radio que le plus vieux chien de tous les temps vivait dans un village du Portugal et se nommait Bobi, je lui ai demandé en caressant le museau de son caniche, comment il allait notre « Bobi » doyen des chiens de l’immeuble. Humour ! Elle m’a répondu c’est Tomi, pas Bobi, visiblement pas très au fait de la dernière info du Guinness : 30 ans et 266 jours, record de longévité battu par Bobi. Alors on a parlé de Tomi, 4 ans et tous ses crocs, un nom choisi en hommage à Ungerer au moment de sa mort elle a balancé. Du coup je me suis dit deux choses, que son Tomi faisait super vieux pour son âge et aussi que c’est bizarre de donner le nom d’un humain à un animal, que les fans de Delon, Chabat, et Afflelou ne nommaient pas leur chien Alain. Didier peut-être ! J’ai conclu, fier comme un teckel accroché à un poteau devant Monoprix, que je ne serais pas étonné qu’il y ait bientôt des Killian dans les parcs. À cet instant Tomi a tiré sur sa laisse et la voisine du 4e a gueulé sur lui comme sur tous les toits, arrête Tomi, arrrrêêête… Je n’ai pas voulu accabler la pauvre bête, je n’ai pas évoqué que le secret de la longévité exceptionnelle de Bobi était son environnement paisible et une alimentation variée à base de viande et de poisson, comme ses maîtres, et qu’à priori Tomi ne succéderait pas à Bobi. Tomi a aboyé comme s’il m’avait compris lui, et je suis entré chez ma vraie voisine. J’ai nourri les plantes, j’ai arrosé le chat comme elle me l’avait demandé, j’étais dans une humeur de terrien !
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