L’époque est tellement obnubilée par l’instant T qu’elle en oublie le temps long. Il faut absolument que le « GOAT » (alias le plus grand de tous les temps) soit notre contemporain, au détriment des légendes du passé – plus particulièrement dans le sport.
En musique, personne n’a la prétention de dire aujourd’hui que tel artiste, tel groupe est « le meilleur de tous les temps ». Idem dans le cinéma ou en peinture. Alors pourquoi dans le sport ?
De la même façon, on sait que la vie – et qu’une saison – est faite de hauts et de bas. Alors pourquoi la moindre contrariété deviendrait insupportable, comme le moindre instant de magie devrait donner lieu à des projections fantaisistes ? Et si ?! Et si ?!
Les génies d’hier sont les responsables de tous les maux, tandis que les seconds couteaux deviennent des sauveurs. S’il faut savoir rester objectif et ne pas regarder qu’avec son cœur, on peut aussi, inversement, être capable de voir les évolutions de long terme et identifier les coups de mou – sans que ça prête à un avis tranché immédiat.
À long terme
En d’autres termes plus fleuris à l’approche du printemps : on voudrait cueillir le fruit mûr sans avoir à faire pousser l’arbre ni à s’en occuper après la récolte. C’est peut-être dur à entendre, mais non, on ne peut pas être émerveillé chaque instant de notre vie. Il y a des fois où il faut « subir » un peu.
Comme disait le philosophe Johnny Halliday, « qu’on me donne le froid pour que j’aime la flamme ».
C’est peu ou prou ce que j’essaye de vous faire comprendre par mes circonvolutions :
le bonheur ne se décrète pas, il se construit. Au même titre qu’un trophée, ça ne se gagne pas le jour de la finale, mais dans les années qui ont précédé. Il n’existe aucun champion de l’instant. Vous savez ce qu’on dit : c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. Et à la Meinau, en tout cas, c’est une drôle de musique.