samedi 23 novembre 2024
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Vincent Zeller dans la cour des grands

Le 1er février 2022, Vincent Zeller, 27 ans à l’époque, fils de pompier, a pris la direction de l’unité territoriale d’Obernai, il est l’un des plus jeunes officiers d’Alsace, à la tête de 226 hommes. Maxi Flash l’a rencontré, entre deux interventions.

Beaucoup de petits garçons rêvent de devenir pompier, policier ou gendarme, mais en grandissant ils sont nombreux à déchanter, qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?

Vincent Zeller : Pour moi, l’engagement chez les pompiers s’est fait tout naturellement, enfin presque… J’ai baigné dans cet univers dès ma naissance, un petit peu comme Obélix et la marmite de potion magique, sauf que pour moi, c’était les tenues et l’équipement dans l’entrée et la sonnerie d’alerte les soirs de garde, puisque mon père a été pompier pendant 38 ans. À l’adolescence, je ne me suis pas engagé chez les Jeunes Sapeurs-Pompiers, mais en 2015, à 19 ans, j’ai intégré les pompiers volontaires, comme mon paternel avant moi. Si j’ai décidé d’exercer cette activité, c’est en grande partie pour essayer de maîtriser les incidents du quotidien. Chaque jour, il peut arriver plein de choses et, si on n’est pas dans un métier qui intervient en cas d’imprévu, on subit la situation. Pour moi ce n’était pas une option, je voulais faire partie des gens qui agissent. J’ai donc travaillé pendant cinq ans à la caserne de Saint Louis et enchaîné les gardes. Comme j’ai très rapidement adhéré à l’état d’esprit de cette profession, j’ai décidé de passer en pro en 2020 et de faire le concours d’officier.

Mais vos premiers pas dans le monde du travail ne vous orientaient pas forcément vers cette carrière d’officier !

Après mon bac scientifique, j’ai fait un détour par une licence de STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) que j’ai obtenue pour finalement atterrir en droit. Ça m’intéressait beaucoup et j’aurais bien poursuivi par un master en droit public ou droit des sociétés et entreprises. Mais un heureux hasard a voulu que je sois recruté trois mois après l’obtention de mon concours d’officier. D’habitude ça peut prendre jusqu’à quatre ans, la durée de validité du concours.

Découverte des véhicules d’intervention. / ©lda
Vous êtes quelqu’un d’ambitieux ?

Ambitieux non, je préfère dire que je me fixe un objectif et que je fournis tout ce que j’ai pour y arriver. Si c’est loupé, ça ne veut pas dire que c’est fini, il ne faut pas lâcher, mais se donner les moyens de réussir, car personne ne le fera à votre place.

Avant d’arriver à Obernai, vous étiez en poste à la caserne de Strasbourg Nord, est-ce très différent d’Obernai ?

Entre monter douze étages dans le quartier de l’Esplanade avec tout l’équipement et une intervention plus classique à Obernai, ce n’est pas la même chose en effet (rires) ! J’ai été capitaine là-bas pendant deux ans. C’était une autre vie, mais je considère que c’est une chance d’être dans une caserne comme Obernai. En tant qu’officier, il y a beaucoup de postes à l’état-major. Être en caserne, c’est l’idéal pour poursuivre l’apprentissage. Depuis mon bureau, je fais de tout, c’est moins spécifique, mais plus diversifié, on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Vous êtes un jeune officier, est-ce que c’est délicat de diriger des personnes qui ont souvent plus d’ancienneté que vous ?

Ça peut l’être, certains pompiers professionnels ont l’âge d’être mon père, mais je pars du principe que, si on fait le choix de passer le concours tôt et qu’on l’obtient (il n’y a que 10 à 15% de réussite), c’est qu’on a la capacité d’assurer son poste. Je travaille avec des personnes très expérimentées, alors je m’oblige à être encore plus rigoureux pour prouver que j’ai ma place. Je ne sais pas si c’est nécessaire, mais c’est ma vision. Avec mon équipe, on n’a pas toujours la même façon d’aborder les choses, mais je fais beaucoup participer, je consulte, ça se passe très bien, il faut adapter son approche.

Vous êtes moins sur le terrain ! Ça vous manque ?

C’est le bon compromis, je suis certes plus souvent au bureau, mais je gère du concret. Par exemple, quand je recrute quelqu’un, un an plus tard je le vois prendre le départ depuis mon bureau et c’est une fierté de contribuer à la mise en œuvre du service sur le territoire. Et puis, mon poste n’existe que parce que mes gars effectuent le travail sur le terrain !

Séance de formation de secourisme de bon matin. / ©lda
Être soldat du feu ne doit pas être facile tous les jours !

Certaines interventions sont plus marquantes que d’autres. Parfois, on fait tout ce qu’on peut, mais la situation est déjà trop dramatique, c’est souvent le cas dans les accidents de la circulation. Les gens qui ne sont pas faits pour ça repartent assez vite, mais c’est rare, car être pompier est une vocation. Nous œuvrons dans une très bonne ambiance, on a de grands moments de convivialité, on débriefe automatiquement dans la foulée après chaque opération, on accorde un temps particulier aux plus jeunes, on se régule comme ça. Nos liens sont plus forts que dans le monde du travail classique, ce qui nous permet de savoir quand quelqu’un va moins bien, ça fait partie de la beauté de notre profession. En cas de gros coup dur, alors que les anciennes générations étaient livrées à elles-mêmes, de nos jours il existe un service médical pompier, ainsi qu’un psychologue d’astreinte. Ce service a été mis en place l’année dernière, suite à une intervention très difficile à Obernai, deux psys sont venues et se sont installées à côté de ceux qui avaient besoin de parler, ça s’est fait naturellement. Ce soutien n’existait pas il y a quinze ans.

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