Mais où est l’eau ? C’est la première question que n’importe quel novice en fabrication de farine pourrait se poser en arrivant au Moulin d’Hurtigheim. « Rassurez-vous, c’est normal », lance Raoul. De l’eau ici, il n’y en a jamais eu, ce qui a intéressé Monsieur Giess, le meunier fondateur en 1930, c’est la situation exceptionnelle du site, au cœur du Kochersberg, connu pour ses terres riches : « Il s’est peut-être aussi amouraché de la fille du restaurateur juste à côté, mais ça, c’est une autre histoire », confie Raoul sourire en coin.
À ses débuts, le moulin tourne donc avec un unique moteur diesel. Peu après, il est électrifié : « une nouveauté folle à l’époque, c’était inédit et depuis nous continuons de fonctionner ainsi, rien n’a été changé si ce n’est quelques pièces d’usure remplacées ». Giess n’ayant pas de successeur, il transmet le site au père de Raoul et Thomas en 1970, un meunier des Vosges du Nord : « Nos parents ont développé la production et commencé la vente au détail qui est aujourd’hui notre marque de fabrique ».
Reprendre l’habitude de faire soi-même
Depuis l’arrivée des machines à pain dans les supermarchés, la demande en farine n’a fait qu’augmenter : « Nous avons ouvert une boutique de vente directe en 2014, mais nos clients principaux restent les boulangeries locales », précise Raoul. Et puis, nouveau boom en 2020 avec la crise du covid, « il y avait la file jusqu’au bout du village », raconte le meunier !
Pour répondre aux besoins, qui ne sont pas près de décroître avec la fermeture en avril dernier des Grands Moulins de Strasbourg, la minoterie artisanale propose des livraisons à domicile : « Notre camionnette tourne toute la journée, nos consommateurs appellent notre distributeur Monsieur Farine » ! Plus d’une quarantaine de farines sont disponibles, à retrouver également en ligne, de quoi faire d’incroyables pâtisseries, de la pizza aussi, grâce à la toute nouvelle fleur spécialement élaborée à cette fin. À vos fourneaux !
Lucie d’Agosto Dalibot
