dimanche 24 novembre 2024
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Rosheim – Rohmer : 17 générations tombées dans la farine, de gré ou de force ?!

Décidément par ici on bat les records de longévité... Après la maison romane, plus ancienne bâtisse d’Alsace, direction l’une des plus vieilles boulangeries de France, peut-être même d’Europe : La boulangerie Rohmer.

D’après le linteau familial, c’est en 1602 avec Martin Witz que la longue lignée de boulangers commence sur le secteur. Bien plus tard, en 1921, l’un de ses descendants, Victor, cède la place à sa fille Eugénie, qui, lorsqu’elle se marie, prend le nom de son époux Joseph et devient une Rohmer. Les générations s’enchaînent jusqu’à l’arrivée de Guillaume Rohmer il y a deux ans : « J’ai toujours dit à mon père que je ne reprendrai pas l’affaire parce qu’il n’était jamais à la maison comme il travaillait trop et pourtant, me voilà finalement à sa place, à entendre la même remarque sortir de la bouche de mes enfants ».

Un destin trop tracé ?

Sur les bancs de l’école, ses professeurs lui lancent que, de toute façon, il fera le même métier que ses ancêtres, mais cette fatalité ne lui plaît guère alors, pour changer la donne, il obtient un brevet en mosaïculture. La farine, très peu pour lui, il préfère les plantes ! Pendant une dizaine d’années, il est employé communal à Bernardswiller.

En parallèle, il aide souvent ses parents à la boulangerie, notamment pour les mariages. « Mon père me disait, « Tu es né avec un boulet, soit tu le traînes et tu fais ta vie avec, soit tu brises la chaîne et tout le monde t’en voudra. C’est à son enterrement en 2011 que j’ai réalisé que je ne pouvais pas abandonner l’héritage qu’il me léguait ». Il rejoint alors sa mère, à l’époque gérante, et se forme à ses côtés. « J’ai réussi à aimer mon métier en étant polyvalent, je navigue entre le bureau, la vente, la cuisine, je n’aurais jamais pu être boulanger à temps plein. Mon père, il voulait être garçon de café, c’est d’ailleurs pour ça qu’il a ouvert le salon de thé accolé à la boulangerie, il s’y retrouvait… » conclut Guillaume.

Existera-t-il une dix-septième génération ? Le couple Rohmer ne souhaite pas faire peser ce poids sur leurs deux fils même s’il semble difficile d’échapper à cette destinée familiale.

Pour la petite histoire…

« À douze ans, j’ai demandé à mon père de m’emmener pêcher avec lui. Il était toujours trop occupé, mais un matin il m’a dit « on y va » ! Il était au téléphone tout du long avec la boulangerie alors en fin de journée, fou de rage, j’ai jeté le matériel dans la rivière. Mon père n’a pas crié, il a plongé pour le récupérer, puis il a rangé son portable et m’a dit « Je suis avec toi maintenant ». Guillaume verse une larme. « Hier, mon fils, du même âge que moi à l’époque, m’a demandé d’aller pêcher ensemble, pour la première fois. Le portable restera à la maison ».

Lucie d’Agosto Dalibot

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