L’histoire de Martin Winterberger commence en 1941, alors qu’il est arrêté pour avoir chanté une chanson française dans la rue. Dans un premier temps, il est interné au camp de Vorbruck-Schirmeck, où les Allemands tentent de le faire entrer dans le droit chemin.
Ils comprennent vite qu’il resterait « insoumis ». Durant son incarcération, « il a tout fait pour ne pas se soumettre », explique Mireille Hincker de l’Association pour des Études sur la Résistance Intérieure des Alsaciens (AERIA).
C’est pour cela qu’il a été transféré au camp de Natzweiler-Struthof le 12 novembre 1941. Étant allergique aux poux, Winterberger a été affecté à la blanchisserie : « Dans le plan d’évasion qu’il fomentait avec quatre autres détenus, c’était à lui de subtiliser des uniformes SS. L’un d’eux avait la mission de siphonner le réservoir d’une voiture afin de rassembler un bon stock pour leur fuite. Chacun avait un rôle particulier ».
Le 4 août 1942, alors que l’orage gronde, l’équipe passe à l’action et quitte le camp comme si de rien n’était à bord d’une voiture d’un officier nazi. Martin atteint l’Espagne puis le Maroc, avant de s’engager dans la première division française libre (DFL) :
« Il a combattu sur plusieurs terrains d’opérations avant d’être de retour en Alsace, à Obenheim. »
Une histoire méconnue
Winterberger a très peu parlé de ces années : « En 1984, une professeure d’histoire l’a interrogé sur son histoire. Il lui a répondu exceptionnellement. Mais il savait que ça allait lui faire du mal, qu’il dormirait mal pendant une semaine. En écoutant l’enregistrement, ses trois filles se sont rendu compte que leur père ne leur avait pas dit grand-chose », signale Mireille Hincker. Une stèle à son effigie a été placée devant l’école de Gresswiller : « Les années ont passé, mais le souvenir de Martin Winterberger reste intact dans de nombreuses mémoires », déclare le maire Pierre Thielen lors de son allocution. Cette stèle incarne le devoir de mémoire.
L’info en plus
Après s’en être échappé, Martin Winterberger est devenu guide au camp de Natzweiler-Struthof entre 1949 et 1950.